How to Make a Warrior #1
Auteur : L'Homme Clandestin
Zine : Rafale #6
1 - Test d'admission
Un coup de téléphone. On me donne demande si je suis prêt pour un entraînement
surprise. Après une brève hésitation, je réponds que oui. La personne à qui je
parle me donne donc des instructions: téléphone à l'entraîneur, il te dira où
le joindre. Tu devras porter une culotte courte, seulement une culotte courte.
En arrivant, tu devras trouver l'entraîneur, et avant qu'on te dise quoi que ce
soit, tu fais cent pompes. Quand on te demandra quelle épreuve tu feras, ce
sera de courir trente minutes dans la gravelle, les pieds nus, et à chaque fois
que tu feras un tour de parc, tu recevras vingt-cinq coups de poing dans le
ventre.
Sais-tu comment encaisser des coups dans le ventre? Je réponds que non. Tu dois
serrer tes abdominaux et tes pectoraux. Ne mets pas tes mains derrière ton dos,
mais en position de combat, et reste bien face à l'entraîneur. Tu as à présent
jusqu'à vingt et une heures pour l'appeler.
J'appelle aussitôt l'entraîneur, qui me dit de me présenter dans un parc, et de
suivre le sentier de gravelle qui passe à gauche du parc, jusqu'à ce que je le
voie. Il me dit que je dois absolument rester sur le sentier de gravelle, et
que cette consigne est importante. J'accepte, et me rends au parc en question.
La lune est presque pleine, et il fait très noir, quand j'arrive au parc. Je me
change, et mets mes vêtements et mes souliers dans mon sac à dos. Je m'avance
sur le sentier de gravelle. Au bout d'un instant, je vois une ombre se
profiler: c'est l'entraîneur. Je jette aussitôt mon sac, et fais cent pompes.
J'ai du mal à les terminer, mais au bout d'un effort exténuant, je les fais
toutes, et une de plus, pour la chance. Je me relève, et salue l'entraîneur.
Celui-ci se met en marche, et nous montons en haut d'une colline. Il m'explique
que la position repos doit être adoptée lorsque je reçois des instructions.
Elle consiste simplement à m'agenouiller, de dos, et de m'asseoir sur mes
talons. En aucun cas je ne dois montrer d'émotions ou de réactions lors de
l'entraînement ou de la réception des consignes. Je me place donc en position
repos, face à la lune. L'entraîneur m'énnonce la première épreuve: je dois me
mettre à genoux, les bras en croix. Je dois maintenir cette position, les bras
parfaitement droits et sans bouger, pendant un temps qui ne me sera pas
divulgué. L'entraîneur a le droit de faire n'importe quoi pour me déconcentrer,
ou me faire baisser les bras. J'accepte les consignes d'un signe de tête.
Je me place à genoux, les bras en croix. J'entends l'entraîneur appuyer sur le
bouton du chronomètre. Il s'approche de moi, et appuie sur mes bras. Je résiste
bien. Il me pile sur les orteils. Ça ne me fait pas mal. Il m'écrase des nerfs
dans le cou et le trapèze. Ça fait mal, mais je ne bouge pas. Au bout de
plusieurs minutes de ce traitement, il me dit que c'est fini, et que j'ai fini
la première épreuve à la perfection.
Je me replace en position repos.L'entraîneur attend un peu, et m'annonce la
deuxième épreuve: le cavalier. Le cavalier est une position de kung fu où les
pratiquants se placent les jambes écartées et pliées à quatre-vingt-dix degrés,
le dos droit, et les poings devant le visage. Mêmes consignes que pour la
première épreuve. Je m'exécute.
Lors de cette épreuve, j'ai eu beaucoup plus de mal à tenir. Je me suis
effondré au bout de quatre minutes environ,selon mes estimations. Par la suite,
je me suis relevé, mais je suis aussitôt retombé, et ce chaque fois que je me
relevais. J'étais épuisé. Au bout d'un certain temps, l'entraîneur m'annonce
que l'épreuve est finie. Déçu de moi, je me replace en position repos.
La prochaine épreuve était l'épreuve des six pouces. Couché sur le dos, les
mains sous les fesses, je dois maintenir mes talons à six pouces du sol. Mêmes
consignes que lors des deux premières épreuves, l'entraîneur a le droit de
faire n'importe quoi pour me faire lâcher. Je m'exécute.
Les cuisses épuisées par l'épreuve précédante, j'ai beaucoup de mal à maintenir
les jambes à la bonne hauteur. Lorsque l'entraîneur me pousse sur les jambes,
je perds beaucoup d'énergie. Puis il se met à m'écraser le ventre et les côtes
avec son talon. Je sais que je dois absolument tenir le coup. Je n'arrive plus
à respirer, j'étouffe.
L'entraîneur me pile à présent sur le ventre. J'ai envie de vomir. Puis il
redescend. Je reprends mon souffle avec peine. Puis, ça recommence. Là, mes
jambes retombent malgré moi, et je me retiens de ne pas vomir. D'un effort
surhumain, je réussis à relever mes jambes, mais elles retombent peu de temps
après. Néanmoins, je donne tout ce que j'ai pour les remonter, chaque fois. Une
fois, je tourne même ma tête sur le côté et j'ouvre la bouche, parce que je
crois que je vais vomir. Mais je ne vomis pas, et l'épreuve se termine. Je me
replace en position repos.
L'épreuve suivante est tout aussi dure que la précédente: je dois recevoir un
certain nombre de coups dans le ventre et dans les côtes. Des coups de pieds
comme des coups de poings. J'ignore combien. Je me lève, place les mains
derrière mon dos comme on me l'a demandé.
On me donne des coups de poing dans le ventre. Au début, ils étaient plutôt
faibles, mais ils deviennent de plus en plus forts en rapides. J'ai mal, et
j'ai beaucoup de difficultés à respirer tout en contractant mes muscles pour
bloquer les coups. Les coups se font de plus en plus fort. Puis, je vois
l'entraîneur reculer. Il me donne un premier coup de pied du plat de la
cheville. Je recule un peu sous le choc, le souffle coupé. Un autre coup vient.
Puis des coups du plat de la cheville sont alternés à des coups de la pointe de
l'orteil. J'ai mal, je ne respire plus et j'ai envie de vomir. Mais je reste
debout. Je pense que j'ai reçu cinquante coups de poings, et cinquante coups de
pieds.
On m'annonce que l'épreuve est finie, et je me place en position repos.
L'entraîneur me demande de me placer en position de pompes (push-ups, pour ceux
qui ne comprennent pas le français), puis d'en faire cent. Je m'exécute, et
étonnamment cela a été plus facile ce coup-ci que la première fois.
L'entraîneur me fait signe de le suivre, car nous changeons d'emplacement.
Celui-ci fait exprès de couper au travers du boisé et des collines, mais je ne
peux pas le suivre, car je dois rester sur le sentier de gravier. Pour le
suivre, je dois courir. Il m'emmène jusqu'à une clôture, mais je ne me souviens
pas c'était la clôture de quoi parce que j'étais trop concentré à retenir mon
vomi. Je me sentais mal, vraiment mal. Je me place en position repos.
L'entraîneur me donne la consigne: je dois passer par-dessus la clôture, courir
jusqu'à une autre clôture que je ne vois pas, passer par-dessus celle-ci, et
revenir en courant vite sur le sentier de gravier. Je dois le faire jusqu'à ce
qu'il me dise que c'est assez. Je me lève, et m'exécute.
Je passe par-dessus la première clôture, et j'ai envie de vomir. Je cours, en
essayant de respirer. Je passe par-dessus l'autre clôture. Je reviens en
courant sur le gravier, que je sens m'écorcher les pieds. J'ai encore plus
envie de vomir, et je crois que ça y est. Sans cesser de courir, j'ouvre la
bouche en un râle douloureux, mais ça ne vient pas. Je continue, jusqu'à ce que
l'entraîneur me dise que c'est fini. Je tombe sur le dos, les bras en croix,
appréciant la fraîcheur du sol.
L'entraîneur me fait me déplacer à nouveau. Il m'emmène dans un carré de sable,
avec des balançoires au câdre assez haut. La consigne est d'y grimper, le plus
vite possible, d'y faire dix tractions et de revenir me placer en position
repos. Je m'exécute, assez facilement. L'entraîneur m'annonce que ça m'a pris
vingt-quatre secondes. Il me dit que je dois le refaire, plus vite encore. Je
prends un instant de repos, juste un court instant.
Et d'un coup, je me lève, cours vers la balançoire, y grimpe et y fais mes
tractions, sans prendre le temps pour qu'elles soient bien placées et pour ne
pas me balancer. Je saute en bas et je reviens en courant. Vingt secondes,
m'annonce l'entraîneur, le ton de sa voix me laissant supposer qu'il est
satisfait.
En position repos, j'écoute encore une autre consigne: je dois ramper dans le
sable, à la force de mes bras, en laissant traîner mes jambes derrière moi, et
je dois traverser le site au complet. Il est grand.
Je me couche sur le ventre, appréciant la fraîcheur du sable. J'ai moins envie
de vomir. Puis je commence la traversée. Je suis fatigué, et j'avance
lentement, mais ça ne fait pas mal.
Parfois, je me traîne sur les coudes, et parfois je me repousse avec les
poings. Je finis par traverser.
L'entraîneur me demande de le suivre jusque sur la colline, où je me place en
position repos.
Il me dit: "Ce soir, tu as démontré du courage, de la force et de la
détermination. Mais il te reste une épreuve. Pour cette épreuve, tu as deux
choix: tu en fais une de ton choix, qui soit assez dure pour te permettre de
rentrer dans le projet en nous prouvant que tu en vaux la peine, ou tu fais
notre épreuve, qui est extrêmement dure. La plupart des gens la refusent, ou ne
sont pas capables de l'exécuter. Tu dois choisir l'une ou l'autre des options,
et tu ne peux pas revenir sur ta décision. Tu as une minute pour choisir." En
moins de dix secondes, j'ai pris ma décision. Je vais choisir mon épreuve. Je
vais courir dans la gravelle pieds nus pendant vingt minutes, et ensuite on me
donnera cinquante autres coups de poings dans le ventre. L'entraîneur accepte
mon choix.
Je me mets à courir. En vingt minutes, j'ai le temps de faire le tour du parc
quatre fois, et chaque fois que je passe devant l'entraîneur, il m'encourage.
Au quatrième tour, il me demande de courir très vite, ce que je fais. Je sens
que le gravier rentre dans mes pieds plus profondément, et ça fait mal. Le tour
se termine, et je me dépêche de me placer en position pour recevoir des coups
de poing. On m'en donne cinquante, mais déjà j'ai plus de facilité à les
encaisser. J'annonce à l'entraîneur que je vais allonger mon épreuve, que je
ferai encore deux tours du parc, et que je recevrai cinquante autres coups de
poings.
L'entraîneur accepte, et je me remets à courir. Une fois les deux tours finis,
je reçois encore mes cinquante autres coups de poing. Puis j'annonce une
dernière prolongation de l'épreuve. Pour montrer mon contrôle de moi, je fais
dix pompes en équilibre sur les mains, sans que mes pieds ne touchent le sol.
Une fois mon travail exécuté, je me place droit devant l'entraîneur et la
caméra, et les salue en inclinant la tête.
L'entraînement de sélection est terminé. Je n'ai plus mal au coeur, grâce à la
demi-heure de course que je viens de faire. Mais j'ai terriblement soif, et je
suis épuisé.
Ces épreuves, je les ai passées pour faire partie d'un programme de recherches
américain sur le développement des capacités martiales et financé par l'armée.
Ces recherches visent à développer les techniques les plus efficaces pour
augmenter la force, l'agilité, l'endurance, le système cardique, le contrôle du
système respiratoire, le contrôle du système nerveux et l'endurcissement. Le
projet, grassement financé, a envoyé trois émissaires dans des temples de
moines shaolins pour étudier leurs techniques d'entraînement. Ces émissaires
ont coûté cent mille dollars américains pour chacun d'entre eux.
Si je suis admis dans le programme, ce qui est probablement le cas, on
m'entraînera selon ces techniques, et d'ici peu de temps, j'aurai atteint un
niveau complètement incroyable. On m'a dit qu'un autre cobaye qui était dans le
projet depuis plus longtemps faisait des choses si incroyables qu'il n'en
parlait pas, parce qu'on ne le croirait pas de toute façon. Par exemple, il a
passé une demi-heure le dos sur une planche cloutée de fakir, à faire des
redressements assis en recevant des coups de marteau dans le ventre. Il n'a
même plus besoin de contracter les abdominaux pour bloquer les coups.
J'espère arriver à ces résultats, moi aussi, et décupler toutes mes capacités
physiques dans le but de dépasser la peur et la douleur, de dépasser l'homme.
Je veux devenir un ninja des temps modernes, et je crois bien que c'est le but
que l'armée américaine poursuit par ces recherches.