Démocratie, j'écris ton nom
Auteur: Brousse
Zine : Rafale #7

Il est de bon ton, dans nos sociétés occidentales, de montrer du doigt les 
radicalismes du monde arabe. Mais, presque jamais nous ne remettons en cause 
nos radicales méthodes qui visent à occidentaliser le reste du monde. Et le 
bouclier de façade que nous nous offrons pour légitimer tous les impérialismes 
(culturels, scientifiques, politico-économiques) est la volonté de transmettre 
ce modèle de démocratie qu'est le nôtre, modèle qui n'est en réalité que du 
vernis démocratique sur du marbre autoritaire . Effectivement aujourd'hui, les 
promoteurs de la démocratie justifient des guerres colossales au nom de 
l'exportation primordiale de cette prétendue démocratie exemplaire qu'ils 
représentent. Mais rares sont les exemples historiques où la démocratie s'est 
téléportée dans un pays (dont les caractéristiques sociales, politiques, 
économiques et historiques nécessaires à l'instauration d'une démocratie 
n'était pas au rendez-vous) par un simple claquement de doigt d'un dirigeant en 
cravate en mal de notoriété. Parce qu'on ne naît pas démocrate, on le devient ! 
Imposer à un pays le régime démocratique (même si l'exemple de la guerre en 
Irak nous permet d'affirmer que cette résolution a souvent bon dos) lorsqu'il 
n'y est pas prêt, c'est forcer un accouchement... pire, cet impérialisme est en 
fait un avortement politique ! Premièrement, il est totalement absurde et 
paradoxal de prétendre instaurer la démocratie par la force : cette méthode 
sera forcément source de conflit et une situation conflictuelle est 
inconciliable avec le développement d'un quelconque processus démocratique. 
Ensuite, dicter à un autre la ligne politique à suivre sous-tend de se vanter 
d'avoir la situation politique la meilleure qu'il soit, hors, et c'est ce point 
qui sera développé par la suite, nous sommes loin de cette réalité. Nos 
gouvernements surfent constamment sur l'ambiguïté de la démocratie, comme 
l'illustre affreusement bien la phrase devenue célèbre de Winston Churchill, 
dont beaucoup de hauts dirigeants se revendiquent : " La démocratie est le pire 
des régimes, à l'exception de tous les autres ". Le cynisme est à revendre ! 
Mais alors, si les pays se prévalant de la démocratie ont des démarches et des 
pratiques peu démocratiques, ne serait-il pas grand temps de rappeler ou de 
redéfinir les fondements, les principes, et les frontières de ce régime ?
 A la frontière entre les sujets politiques et philosophiques, la Démocratie 
représente, à l'échelle de l'histoire de l'humanité, le modèle idéologique le 
plus admirable. Elle est le seul concept aboutit visant à l'épanouissement des 
individus dans la collectivité. Il me semble important, dans la mesure où la 
Démocratie comme valeur noble est un idéal inaccessible à viser, de dénoncer 
toutes les dérives modernes lui étant nuisibles, dans l'objectif de 
caractériser et de délimiter notre futur idéal.

Séparation des pouvoirs... tous les pouvoirs ?

Montesquieu, au XVIIIe, a poursuivi les travaux de Locke pour théoriser la 
séparation des pouvoirs : exécutif, judiciaire et législatif. Cette séparation 
est obligatoire pour combattre l'absolutisme et éviter que le système se 
métamorphose en monarchie, où un seul homme détiendrait tous les pouvoirs. 
Lorsque l'on sait qu'en France, la constitution de la Ve République stipule que 
le président de la République est aussi le président du Conseil de la 
Magistrature, qu'il tire les ficelles de la quasi-totalité du législatif, qu'il 
est maître de l'exécutif, et que son emprise sur le judiciaire est importante ; 
que c'est lui qui maîtrise l'ordre du jour du gouvernement ; et qu'il a, seul, 
la possibilité de dissoudre l'assemblée ou de contourner les débats 
parlementaires via l'article 49-3, est-il légitime de parler de monarchie ? 
Subséquemment, est apparu dans l'ère mondialisé deux autres facteurs, 
d'authentiques pouvoirs dont l'émergence était aussi imprévisible 
qu'inimaginable pour Montesquieu : les pouvoirs financiers et médiatiques. Non 
pas que l'émergence d'un (contre-)pouvoir me soit dérangeante, bien au 
contraire, mais dès lors qu'il est intimement lié à l'une des trois fonctions 
de l'Etat, il convient de se demander si la démocratie en place ne craquelle 
pas sous le joug d'un de ces deux lobby. 

Tout d'abord, les pouvoirs financiers, qui sont de plus en plus liés aux hommes 
d'état. Régulièrement, des " affaires ", plus ou moins médiatisées, ébranlent 
les sphères financière et politique, remuant d'épineuses questions quand à de 
nouvelles formes modernes de corruption. Alain Juppé est le protagoniste le 
plus emblématique de cette faille dans notre système politique. Il avait déjà, 
en 1995, était impliqué dans une affaire dont il était soupçonné d'avoir donné 
des ordres à ses services pour diminuer le loyer de son fils, et d'avoir 
utilisé l'argent du contribuable pour réaliser les travaux de ce même 
appartement au coeur de Paris. Verdict de la Cour : son fils doit déménager ! 
Trois ans plus tard, il est accusé d' " abus de confiance, recel d'abus de 
biens sociaux, et prise illégale d'intérêt " pour être le principal participant 
à un système de financement occulte d'emplois fictifs au sein même du RPR. 
Nouveau verdict ? Quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité. 
Qu'à cela ne tienne, il partira un an en vacances à Montréal. Si la peine est 
si faible, c'est, selon la Cour, grâce à " ses années au service de l'Etat ". 
Que l'on me montre l'article qui stipule que l'implication dans la vie 
politique est une circonstance atténuante. La Justice a ici clairement annoncé 
qu'un homme politique est assujetti à une peine moins lourde qu'un citoyen 
ordinaire. Donc, quand c'est un dirigeant qui est assis sur sa chaise dans le 
tribunal, le marteau du juge n'est rien d'autre qu'un instrument pour tester 
les réflexes d'une justice hémiplégique ; lorsque c'est un citoyen lambda qui 
est à la même place, ce marteau sert alors à enfoncer le clou de la misère 
sociale, et les barreaux de la barre devant laquelle il se tient, titubant, ne 
sont qu'un avant goût des barreaux de la cellule qui l'attend. C'est ainsi 
qu'en 2004, un jeune qui insulta le Ministre de l'intérieur de l'époque écopa 
d'un mois de prison ferme en moins de deux jours... Dans le même ordre d'idée, 
notre nouveau président présente des affinités avec les principaux groupes 
financiers, affinités faisant trembler les plus lourdes statues de marbre. Avec 
la société Lasserre, grand groupe immobilier, il est accusé d'avoir bénéficié 
de l'acquisition de terrains sur l'île de Jatte et d'un rabais de 300 000 euros 
pour l'achat et l'aménagement de son appartement, sous prétexte qu'il était 
maire de Neuilly-sur-Seine. L'affaire sera classée sans suite par le parquet. 
Il est également très proche de Martin Bouygues (PDG du groupe Bouygues et 
administrateur de TF1), qu'il présente comme " [son] frère ". Celui-ci est le 
parrain du dernier fils des Sarkozy et était présent à son mariage aux côtés de 
Bernard Arnault (PDG du groupe LVMH, qui détient les grandes marques de luxe 
mondiales : Louis Vuitton, Dior, Moet et Chandon, Kenzo, Jacobs... mais aussi 
des marques de parfums, de vins, de montres de luxe, de médias...). Le petit 
homme est un ami de longue date avec Edouard de Rothschild, le descendant des 
célèbres banquiers ; avec François Pinault, administrateur de Mittal-Steel ; 
avec Dominique Desseigne, président du conseil de surveillance du groupe Lucien 
Barrière, principal groupe de casinos et d'hôtels-palaces en France ; avec 
Antoine Bernheim, président de Generaldi, administrateur de LVMH et de Bolloré 
; avec Vincent Bolloré, président du groupe Bolloré  qui est implanté autant 
dans l'industrie cinématographique, que dans l'agriculture, dans les médias ou 
bien dans les transports d'affaires : il a payé les vacances du président sur 
son yacht personnel au large de Malte juste après son élection,    et, plus 
récemment, il lui a prêté son jet privé pour avoir la joie de partir en 
vacances en Egypte avec sa nouvelle famille. Justification bringuebalante " 
Vous auriez préféré que je me déplace aux frais du contribuable ? 1". Soupir. 
Vient enfin la récente affaire Clearstream, qui impliqua pas moins que Michèle 
Alliot-Marie, Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy pour les 
politiques les plus connus ;  EADS,  AB Associates et la société Salamandre du 
côté industriels financiers. Cette affaire est, de par sa complexité, 
finalement bien méconnue du public. Ce qu'on en retiendra, même si l'affaire 
est encore en cours, c'est  qu'une fois de plus, les pouvoirs financiers et 
politiques ont des liaisons bien trop obscures et intimes pour que n'en émane 
un soupçon de vérité. Si les hommes politiques profitent de leur mandat pour 
couvrir les plus sinistres méthodes qui renflouent leur compte en banque off-
shore, alors il nous appartient de se demander si leur mandat sert à gouverner 
un pays et à augmenter le bien-être des citoyens, ou si il est un instrument de 
défense pour dissimuler et masquer leurs pratiques crapuleuses, tout en se 
couvrant d'éventuelles futures poursuites judiciaires...

Ensuite, les pouvoirs médiatiques, dont la dangerosité est de plus en plus 
palpables en raison de ses attachements avec les pouvoirs politiques. 
Commençons par Arnaud Lagardère, président du groupe Lagardère. Cette 
entreprise comprend deux branches : Lagardère Média et EADS, filiale 
aéronautique. Le président de l'entreprise est en ce moment inculpé de délit 
d'initié pour avoir vendu ses actions EADS avant la chute du cours à cause des 
retards de l'A380. Je ne me fais pas de souci pour lui quand au jugement final 
du tribunal. Lagardère Média comprend la filiale Hachette et la filiale 
Lagardère Active, qui s'occupe des nouveaux médias. Mais cette branche est 
surtout détentrice d'une quantité affolante de sources d'informations2. 
Rajoutons à cela Patrick Le Lay, ancien PDG de TF1 et actuel président du 
conseil d'administration de la même chaîne. Il est à l'origine de la création 
de la chaîne de télévision TV Breizh, haut-gradé de la franc-maçonnerie, et est 
aussi proche de Jack Lang que de Sarkozy. Etienne Mougeotte, ancien vice-
président de TF1 et de LCI, et actuel vice-président de la chaîne d'information 
internationale France 24 et du Figaro Magazine et est par ailleurs le 
conseiller officieux de Nicolas Sarkozy sur son attitude médiatique à avoir. 
Allez donc dans un kiosque et enlevez Marianne, Le Monde diplomatique, Le 
canard enchaîné, Charlie Hebdo et le Nouvel observateur. Quasiment la totalité 
de la presse restante, les centaines de magasines et de journaux, sont détenus 
par trois personnes : Lagardère, Dassault, et Bouygues. Trois fidèles et 
intimes amis du président. Alors que nous assistons de plus en plus à des 
méthodes de censure et de propagande, les liens entre hommes d'état et pouvoirs 
médiatiques ne peuvent que représenter une accélération du processus qui 
viserait à éradiquer les décombres de démocratie à disposition du citoyen.

Enfin, une nouvelle courroie s'est implantée dans le mécanisme de notre 
société, celle liant les deux groupes de pression : les finances et les médias. 
Récemment, le groupe Socpress, étant l'un des principaux éditeurs de journaux 
d'information hexagonale, qui ne dirige pas moins qu'une soixante-dizaine de 
journaux et magazines (L'express, L'expansion, Le figaro, les hebdomadaires 
régionaux du nord-est et de l'ouest...), et qui, accessoirement, est détenteur 
du club de football de Nantes, est dirigé par un personnage non méconnu des 
scandales financiers : Serge Dassault. Vendeur d'armes à ses heures perdues et 
ancien sénateur, ses liens avec Sarkozy ne sont plus à établir : il l'a 
ouvertement soutenu pendant sa campagne ; mais il est surtout un ami personnel 
de longue date et est le client du cabinet d'avocat que détient le président. 
Dans un élan d'insolence, il n'hésite pas à postillonner ces quelques mots " la 
presse doit diffuser des idées saines, car nous sommes en train de crever à 
cause des idées de gauche 3". Dire et expliquer pourquoi il faudrait s'insurger 
et se révolter contre le gauchisme, c'est une chose, mais dire que la presse 
doit arrêter de diffuser des idées de gauche malsaines, c'est est une autre -
c'est, pour ma part, ce que j'en ai compris. Mais alors, entre être contre une 
idéologie, une valeur ou simplement une idée, et promouvoir la diffusion de 
débats unilatéraux, voire pas de débat du tout, il y a un pas énorme  vers la 
censure, pas géant pour le pouvoir en place, pas immense, mais en arrière, pour 
la Démocratie.  Déjà, qu'un homme financier ait des liens avec le président, 
cela me remue l'estomac, même si j'en conviens que ces liens aient toujours 
existé, et ce, pas qu'avec la droite au pouvoir ; mais que ce même homme, qui 
détient la majorité de la presse française, se montre publiquement contre le 
pluralisme d'information, il faudra que je garde les dents bien serrées pour ne 
pas dégueuler. Pour ma part, ma conviction personnelle est que devrait être 
punie par la loi tout acte qui tenterait de déposséder les propriétaires d'une 
entreprise de presse ou qui limiterait leur liberté d'expression. 

Pluralisme d'information, censure et propagande.

Le pluralisme d'information se définit comme étant la capacité de l'ensemble 
des médias à proposer des idées opposées, de manière à ce que le paysage 
médiatique puisse fournir aux auditeurs, aux téléspectateurs ou aux lecteurs 
les éléments pour pouvoir créer un débat et se faire un avis sur un sujet 
précis. Il est l'une des composantes essentielles de la Démocratie dans la 
mesure où celle ci repose sur l'envergure de la palette d'outils offerte aux 
citoyens qui permette de s'informer et de s'interroger sur quelque sujet que ce 
soit, de quelque manière que ce soit. Seulement, à observer l'actuel état des 
médias, il me paraît évident qu'il faille soupçonner notre société de réduire 
ce pluralisme d'information et, de fait, d'anesthésier encore et toujours plus 
les restes de démocratie. Même si les individus qui ne se contentent d'accéder 
qu'à la partie émergée de l'information ne sont pas imputables dans ce triste 
constat, les médias ont leur grande part de responsabilité, dès lors où leur 
seul souci reste la direction de la courbe d'audience. Parlons de la nouvelle 
presse dite gratuite. Outre le fait que sa gratuité n'étant qu'une illusion, 
puisque cette presse est rémunéré par la publicité (à l'évidence, le coût de la 
publicité est répercuté sur le prix des produits, et donc du pouvoir d'achat : 
tout le monde paye le journal que l'on prend en sortant du métro !), elle est 
une incroyable ressource pour uniformiser et standardiser l'information, quand 
celle-ci ne se transforme pas en communication. 20 Minutes est le journal le 
plus lu en France ! Au côté de Direct Soir et de Métro, ils sont un arsenal 
contre l'émergence de débats, débats qu'ils gomment de leur liste de leurs 
préoccupations. Sous couvert de neutralité, la presse gratuite ressemble 
farouchement à des copiage des dépêches de l'AFP. Il est primordial, tout de 
même, de rappeler que l'Agence France Presse est en grande partie financée par 
l'Etat, ce qui fait de la troisième agence de presse internationale (derrière 
American Press et Reuters) une particularité franco-française. Elle fournit de 
l'information à 400 000 médias sur le globe, dont les médias gratuits français. 
Sophie Caillat, journaliste à 20 Minutes, n'hésite pas à avouer que les quatre 
(sic) rédacteurs du journal relèvent et copient leurs informations 
principalement de l'agence française4. Lorsque la majorité de la presse lue 
dans l'hexagone tire ses informations de la même source et n'offre pas d'idées 
opposées mais seulement des articles brutes et neutres (curieusement, neutre a 
la même étymologie que neutraliser5...), est-il nécessaire de continuer à 
chercher les résidus de pluralisme d'information au sein des médias ? 

Est plantée la question de la manipulation de l'opinion publique. Cette 
manipulation, en plus de l'état de fait où les médias ne sont pas indépendants, 
passe notamment par les sondages. Ceux-ci ne sont rien de plus que des calculs 
pseudo-scientifiques. Il est navrant de voir l'attachement des sujets de notre 
société aux seuls argument rationnels et scientifiques. Prenez une expression à 
consonance grecque, rajoutez-y un chiffre, mélangez le tout. Le résultat 
explosif vous offre un des plus grand concept marketing : l'omega3 ! Question : 
qui est capable de me dire ce qu'est de l'omega3 ? Du bifidus actif ? 
Qu'importe, c'est scientifique, donc vendeur. Le rationalisme, aux côté de 
l'individualisme, est un pilier du néolibéralisme. Pas surprenant, alors, que 
les individus plongés dans cette course effrénée accordent de l'importance au 
sondages qui, en plus de s'offrir cette illusion scientifique composée de deux 
chiffres tout au plus, oppose par définition deux camps : les majoritaires et 
les minoritaires.  Mais au delà de cela, la croissance du nombre de sondages 
représente un réel piège pour la démocratie, principalement pour deux raisons. 
La première réside dans le fait que les sondages prétendent êtres 
représentatifs de l'opinion publique. En réalité, Pierre Bourdieu avait 
démontré qu'il existe non pas une, mais plusieurs opinions publiques, toutes 
différentes selon les catégories d'individus. Or les sondages supposent que 
tous les sondés ont un avis sur la question posée, et qu'ils sont tous sur le 
même pied d'estale, c'est à dire que les sondés sont considérés comme des 
individus uniformisés, démunis de personnalité et de statut social. Seulement, 
la réforme des régimes spéciaux ne mobilise pas les mêmes personnes que la 
problématique de l'indépendance du Pays Basque, tandis que les sondages mettent 
tous les oeufs dans le même panier, ou tous les citoyens devant les mêmes 
questions. Les sondages additionnent les réponses mécaniquement sans se soucier 
de la source de la réponse, et c'est en ce sens que les sondages se 
différencient de l'enquête sociologique : il sont donc bien pseudo-
scientifiques. Au yeux du sondeur, un ouvrier, un technicien de surface, un 
retraité, un chômeur, un cadre ou un immigré rwandais sont des atomes clonés 
qui forment, ensemble, la molécule sociétaire. C'est avoir une bien triste 
vision de la société que de considérer que tout ses membres sont semblables, 
voire similaires. Et la deuxième raison, plus évidente, est dans la réponse à 
la question : A quoi servent les sondages ? Fondamentalement , si notre volonté 
principale était d'avoir, au pire un esprit critique, au mieux un avis précis, 
sur un maximum de sujets possibles, quel intérêt pourrait-on apporter à l'avis 
de la majorité ? Seulement, cette volonté d'épanouissement personnel ne peut se 
faire sans temps libre, qui lui même se voit être diminué de jour en jour avec 
la précarisation de la population. Donc, pour accréditer l'idée véhiculée par 
les médias bien-pensants, on martèle la pensée dominante à coups de 
pourcentages... La normalité est la ligne tracée par la majorité de la 
population au milieu d'un vide des possibles. Les individus formant la majorité 
ont peur d'ouvrir une autre voie possible, parce que peur de franchir et les 
lois sociales, et les lois juridiques. Une transgression constituerait un signe 
de déviance, voire de délinquance, à l'opposée même de la normalité. La crainte 
de la déviance est symptomatique de l'individu appartenant à la majorité. 
Ainsi, faut de temps libre, on se tient au courant du discours ambiant sans 
trop d'efforts : en encadré, en gros, sur la couverture de 20Minutes, lu juste 
avant de se traîner au bureau-supplément-climatisation : " 68 % de la 
population française est pour la vidéosurveillance, parce qu'elle n'a rien à se 
reprocher ". Soulagement. Tension qui baisse. Pouls qui diminue. C'est bon, moi 
non plus je n'ai rien à me reprocher... Donc, pour répondre à la question 
initiale, les sondages serviraient seulement à faire penser aux indécis, aux 
naïfs ou aux imbéciles ce que pense la majorité. Les sondages resteront dont 
antidémocratiques tant que les chiffres avancés auront davantage un objectif 
maniputatoire qu'informationnel. A cela s'ajoute l'idée que les enquêtes 
d'opinion sont, plus souvent que ce que l'on pense, faussées : la majorité est 
vouée, pour la plupart du temps, à, en plus de rester toujours la même 
majorité, grossir en effectifs. 

En son sens originelle, la censure est définie comme une limitation de la 
liberté d'expression. C'est à dire qu'elle consiste à éradiquer une quelconque 
émergence d'une idée dérangeante pour le pouvoir en place. Les hommes 
politiques contemporains ayant vite compris, après la chute du mur de Berlin et 
l'extinction du dernier grand totalitarisme, que cette forme de censure - bien 
qu'encore trop en application - était trop connue de la population pour 
continuer à en abuser, ils coopérèrent à la création d'une nouvelle forme de 
censure : celle où, au lieu de supprimer l'information perturbante, on la noie 
dans d'innombrables autres informations. Ce n'est pas d'une théorie du complot 
qu'il s'agit ici, mais d'un consensus (que je veux bien qualifier 
d'involontaire) entre les hautes sphères, consensus axé autour de la bien-
pensance. C'est ainsi qu'un journaliste indépendant pourra, certes, publier un 
article un tant soi peu dérangeant, mais cet article n'occupera qu'une colonne 
dans un journal régional, journal appartenant à une rare presse indépendante 
dont les déficits provoquent des sauve-qui-peu-généraux dans l'ensemble de la 
rédaction. Quelle est donc l'influence de cet article sur la population, face 
aux déferlantes d'images télévisées qui occupent en moyenne trois heures vingt 
par jour les foyers français ? Bien que peu en application, la censure qui a 
pour nature de supprimer purement et simplement de l'information fait, de temps 
à autres, un aller-retour dans notre paysage, puis retourne se cacher derrière 
son paravent translucide. Ainsi, en août 2006, Arnaud Lagardère qui détient 
Paris match, a renvoyé son rédacteur en chef Alain Génestar. Son crime étant 
d'avoir accepté de mettre en Une du magazine une photo de Cécilia Sarkozy en 
compagnie de son amant,  le président de Publicis Event Worldwide. Nicolas, 
alors en rogne et proche de Lagardère,  lui a simplement demandé de s'occuper 
du cas de Généstar. Peu de temps après, Paris Match change de rédacteur en 
chef. De la même façon, Victor Noir, auteur du livre à scandale " Nicolas 
Sarkozy ou le destin de Brutus ", était invité sur le plateau d'Ardisson en 
2005 pour promouvoir son ouvrage, lorsque, au dernier moment, la production a 
annulé le rendez-vous sous prétexte qu'il " n'y a pas de contradicteurs à 
opposer 6". Un mois plus tard, deux journalistes ayant réalisé un reportage 
intitulé " Sarkozy mot à mot " voient sous leurs yeux l'annulation de la 
diffusion de leur reportage sur France 2 et France 5. Cette vidéo se retrouvera 
donc sur le site internet français Daylimotion... pas pour longtemps : la 
plateforme l'a finalement retiré pour cause de " non respect des conditions 
d'utilisation ". A savoir que son directeur à l'époque était Séverin Naudet, 
aujourd'hui conseiller technique de François Fillon. Dans les pires régimes 
dictatoriaux, la censure a toujours donné la main à la propagande. Ainsi, nos 
manuels d'histoire nous montrent cette photo célèbre où Trotsky est effacé, 
pour le plus grand bonheur de Staline. Mais quelle différence entre supprimer 
un opposant d'une photo et se faire effacer les bourrelets dans une photo du 
magazine le plus lu, le tout pour soigner son image ? Le président, 1m68, se 
retrouve dans un cliché à la même auteur que son homologue américain, 1m83. 
Frustration,  ou simple volonté de ne pas apparaître plus petit que le plus 
grand des grands ? George Orwell, dans 1984, avait somptueusement bien montré à 
quel point le contrôle du passé est inhérent à un régime dictatorial. Dans 
cette société, les institutions ont un pouvoir complet sur les écrits, les 
affiches, les diffusion audiovisuelles passés, dans l'objectif d'apporter un 
semblant de véracité aux nouvelles déclarations du gouvernement. Sans tomber 
dans la thèse conspirationniste, nous sommes en droit de nous demander si ce 
n'est pas de la manipulation que de dire que " La France n'a jamais commis de 
génocide ", ou encore de vanter les mérites du colonialisme français dans les 
manuels scolaires... Dès lors, on ne s'insurgera plus des méthodes 
dictatoriales et autoritaires des pires régimes internationaux sans avoir 
préalablement osculté de près notre propre régime politique.

Que l'on soit en démocratie aujourd'hui, beaucoup en doutent. Affirmer que le 
modèle théorique de démocratie représentative dans lequel on est soit 
véritablement démocratique, il y a matière à débats. Mais il faut souligner une 
chose, c'est que les défenseurs de ce modèle se cachent derrière le caractère 
souverainiste de cette démocratie. Autant dire que pour donner raison à ces 
personnes, il faudrait que les citoyens soient libres de penser, que leurs 
pensées ne soient pas influencées par une idéologie dominante, de manière à ce 
que la démarche intellectuelle qu'à fait le citoyen pour choisir ce 
représentant plutôt qu'un autre n'ai pas été insufflée ni par les médias, ni 
par le pouvoir en place ; sans quoi le mandat des représentants du peuple ne 
serait plus légitime. Ainsi, on peut critiquer la démocratie représentative en 
théorie, tout en s'enfermant dans d'interminables débats sur ce qu'on entend 
par Démocratie, mais il faut avant tout mettre le doigt sur les paradoxes en 
pratique de notre régime. La démocratie représentative est démocratique en 
théorie ? Bien. Mais en pratique, est-ce démocratique d'organiser de nouvelles 
formes de campagnes de propagandes et de manipuler ceux qui, plus tard, 
glisseront un bout de papier dans une fente ?



Démocratie et liberté

La liberté, dans sa dimension la plus simpliste, réside dans l'absence de 
contraintes. Mais la vie en collectivité est inévitablement sujette à créer 
diverses contraintes. C'est en suivant ce raisonnement que la liberté en 
collectivité est finalement le droit de faire tout ce dont l'interdiction n'est 
pas justifiée par la nature de l'homme et la préservation de la société. Mais 
alors, toutes les dérives imaginables de notre société peuvent être légitimés 
par un appel à la liberté, et la préservation de la société qui en découle. 
Nous en sommes ainsi arrivés à cet état de fait, aussi accablant que paradoxal, 
où c'est au nom de la liberté que tous les aspects les plus virulents des 
dictatures (tyrannie, arbitraire, impérialisme...), donc les plus aliénants et 
ceux entravant le plus les libertés, sont justifiés et appliqués dans nos 
régimes dits démocratiques. De cette façon, l'argument nous effleurant chaque 
jour les tympans pour autoriser le service minimum est la préservation de la 
liberté de l'usager, qui serait pris en otage par une horde de criminels 
égoïstes sans foi ni loi. Petit rappel : Ingrid Bétancourt, elle, est un otage. 
Les Farc, eux, sont des preneurs d'otage - avec des cagoules, des 
mitraillettes, des grenades, de l'explosif et tout le toin-toin. Je cherche, 
avec difficulté,  les point communs entre un CGTiste, armé de son drapeau et 
protégé par son gilet fluo de chantier, et un membre des révolutionnaires 
colombiens. Je cherche, avec plus de facilité, les points communs entre des 
travailleurs dont les ficelles les liant à leurs supérieurs leur menotte les 
poignets, tous se bousculant dans une jungle urbaine, et Ingrid Bétancourt dans 
une jungle quelque peu différente, avec des mains tout aussi liées. Où sont les 
preneurs d'otage ? Je cherche. Je cherche... Mais, n'est ce pas une atteinte à 
la liberté que d'anéantir un droit - celui de faire la grève - acquis depuis 
une époque plus ancienne que notre constitution ? Inversion des sens et des 
valeurs. Schizophrénie générale. Dans cette époque où l'individualisme - c'est 
à dire où l'attention apporté seulement à sa propre sphère privé est croissante 
et où le désintérêt pour les problématiques collectives est une pandémie - est 
roi, la sécurité est une valeur de plus en plus promulguée et prisée, pour le 
plus grand désarroi de notre liberté. Il est donc primordial, autant pour la 
préservation de nos libertés que pour réussir à s'aiguiller vers une 
démocratie, de garder un oeil fixé sur l'évolution du statut de la liberté, a 
fortiori lorsque la société dans laquelle nous sommes plongés est en constante 
mutation - et c'est indubitablement le cas.

Observons notre triste paysage.  Étudions ses effets pervers. Désossons le et 
contemplons ses entrailles. A la loupe, notre atmosphère contemporaine donne le 
vertige à n'importe quel être humain qui considère le mot Liberté. Les fichiers 
des administrations, les cartes de crédit, les téléphones portable, Internet, 
la vidéosurveillance, les implants, les nanotechnologies, les puces RFID, les 
écoutes internationales... combien d'être humains reste-il ? Trajet : Toulouse-
Paris. Pose au milieu du parcours dans une station service. Le péage, payé par 
carte bleu, à enregistré votre passage, de même que la pompe à essence. Le 
Kinder Bueno acheté en payant à la caisse, qui a une puce RFID, vous offrira la 
joie de laisser à l'entreprise Ferrero votre traçage juste qu'à 
l'engloutissement du succulent en-cas. Votre téléphone portable, même hors 
communication, envoie régulièrement des signaux aux antennes-relais les plus 
proches. Chaque réception de votre signal dans une de ces antennes est 
enregistré par l'opérateur, et donne donc, pour notre plus grand bonheur, à 
cette opérateur la possibilité de nous suivre à une dizaines de mètres près en 
permanence. Pour peu que vous ayez prononcé, pendant une conversation sur votre 
mobile,  un des mots-clefs appartenant à un des ces super-ordinateurs du réseau 
d'écoute Echelon7, alors votre conversation sera écoutée, localisée et 
enregistrée. A votre arrivée dans votre appartement de la capitale, vous filez 
surfer sur internet. Là, le fournisseur d'accès prend le relais et enregistre 
tout vos faits et gestes : site visités, heures et durées des visites. Et la 
récente loi Dadvsi oblige les FAI de conserver ces " logs " (les 
enregistrements) pendant plus de deux ans. Comme 95% des internautes, vous avez 
un système d'exploitation appartenant à Microsoft. Alors vous avec un numéro 
d'identification nommé GUID, qui permet à la firme Redmond, au même titre que 
les FAI, de connaître tous vos doux déplacements sur l'immensité de la toile 
internet. Mieux : ce numéro d'identification permet aussi à Microsoft de sonder 
le contenu du disque dur, à l'insu de l'utilisateur. Intel, dans les pas de 
Windows, a incorporé dans ses microprocesseurs Céléron, Pentium II et III un 
numéro d'identification visible à distance... Ca, c'est pour maintenant. Mais 
autant dire qu'une réalité plus sombre se profile à l'horizon d'un futur 
proche. L'état actuel de la vitesse d'évolution des technologies ne peut que 
donner des frissons dès lors où bon nombres de ces évolutions ont pour 
conséquences le grignotage de notre vie privé et de notre liberté. L'apogée de 
l'espionnage étatique vient d'être déclaré par le pentagone, qui vient de 
lancer la mise en place du plus grand système de rassemblement des 
informations. Celui-ci se nomme Total Awareness Information System9 et a pour 
objectif de collecter une quarantaine de pages d'informations sur chaque 
habitant du globe : " paiements par carte, abonnements aux médias, mouvements 
bancaires, appels téléphoniques, consultations de sites web, courriers 
électroniques, fichiers policiers, dossiers des assureurs, informations 
médicales et de la sécurité sociale ". Dur à croire que ce soit au nom de la 
lutte contre le terrorisme. Nous connaissons déjà les dérives que le système de 
" détection de comportements suspects8", en matière de vidéosurveillance, a 
engendré. Aujourd'hui, des études sont à l'oeuvre pour repousser les limites de 
la biométrie : des logiciels informatiques permettront d'identifier un visage 
dans une foule. Fusionnée avec une base de données, la vidéosurveillance pourra 
tracer tous les visages présents dans cette même base. Lorsque l'on voit à 
quelle vitesse s'est généralisé le fichage ADN par la police nationale, et que 
l'on constate avec quelle rapidité ces modes opératoires sont adoptés et admis, 
la question voulant mettre sur la table dans combien de temps ce fichage serra 
effectif me paraît raisonnable et légitime. Outre le fait que la délinquance 
est intrinsèque à une société et que de fait, vouloir éradiquer la délinquance 
par la répression ou la dissuasion consiste à demander à la mer d'arrêter de 
faire des vagues, il est incontestable que la vidéosurveillance ne fait pas 
reculer la délinquance. Au mieux, elle la déplace, au pire elle augmente la 
cécité des individus qui, rassurés, ne la voient plus. L'argument voulant 
prétendre que la vidéosurveillance aurait la force de faire reculer les 
délinquants dénonce lui-même l'étroitesse d'esprit du marchand de sable qui 
l'utilise : la délinquance est la résultante de situations sociales, et un bout 
de métal rivé à du béton n'altère aucunement la charpente de la société. Du 
reste, affirmer que des caméras ferait disparaître les terroristes constitue 
une tromperie sans nom. On-t-elles permis d'anticiper les attentats islamistes 
à Londres le 7 juillet 2005, alors que cette ville est la plus surveillée au 
monde, avec l'honorable palmarès de 400 000 yeux électroniques pour la ville ? 
Tenez ! La semaine dernière, un ami vient me voir et me meugle ces quelques 
mots : "Sais-tu pourquoi il n'y pas d'éléphants roses sur la place du Capitole 
à Toulouse ?" Moi, dubitatif : "Non..." "Parce que toutes les nuits, des 
individus anonymes et masqués déposent une poignée de ciboulette et de piment 
d'Espelette aux quatre coins de la place, cela les fait fuir !" Plutôt 
réticent, je lui répond : "Mais il n'y a jamais eu d'éléphants roses sur la 
place du Capitole !?" A mon ami de rétorquer, fort et fier : "Heureusement 
qu'il y a des gens dévoués qui, toutes les nuits, font fuir les pachydermes !" 
Que l'on ne rie pas trop fort, le niveau du débat sur la vidéosurveillance est 
aujourd'hui réduite à cette boutade. En effet, dans la plupart des médias bien-
pensants, il est fréquent d'entendre un débat similaire : "La vidéosurveillance 
fait fuir les terroristes !" "Mais, cela fait des années que nous n'avons pas 
eu affaire à des terroristes !?" "Tu vois, heureusement que, depuis des années, 
la vidéosurveillance est là !" Croire qu'il puisse y avoir un terroriste qui se 
fasse exploser au milieu de la place du Capitole requiert le même niveau de 
naïveté que de croire qu'il puisse y avoir un éléphant rose au milieu de cette 
même place. Mais alors, lorsque l'on croit que c'est une poignée de ciboulette, 
du piment d'Espelette, de clous de girofles ou la vidéosurveillance qui 
feraient fuir des monstres imaginaires  --  éléphants roses ou terroristes --
nous sommes bel et bien en train de sombrer dans les méandres de la connerie 
humaine.



Dans le discours dominant, dès lors où l'on remet en cause le régime politique 
dans lequel nous sommes plongé, la réplique du naïf conformiste consiste à se 
satisfaire d'être unijambiste quand les autres sont cul-de-jatte : "  On est 
pas sous Castro quand même ! ". Bien sûr que la presse française est plus libre 
que sous Poutine. Bien sûr que l'armée française n'écrase  ni ne tue son peuple 
comme le fait la junte birmane  Bien sûr que le pouvoir français n'est pas 
aussi corrompu que le pouvoir guinéen.  Est ce pour autant qu'il faille stopper 
court à une quelconque évolution institutionnelle, alors même que les 
institutions sont sclérosées et décomposées ? Ces institutions sont la seule 
composante de la société à n'avoir évolué aux cours de ces dernières décennies, 
pendant que tout son environnement a été bouleversé. Et autant il est 
attristant de voir que les vieilles fondations rouillées n'arrivent pas à 
suivre l'infernale modification constante des cadres de vie imposée par la 
mondialisation, autant il est lamentable que les nouvelles institutions crées 
aient étés recopiés sur la même base de fonctionnement. L'Onu, par exemple, est 
condamnable  ne serait-ce que dans son organisation institutionnelle : seul le 
Conseil de sécurité peut décider de l'envoi de casques bleus. Ce conseil est 
composé de dix membres (représentant un  pays) non-permanents élus pour deux 
ans, et de cinq membre permanents, ayant seuls le droit de veto. Qui sont ces 
cinq membres ? La Chine, la Russie, les États-Unis, la France et le Royaume-
unis ! Par conséquent, impossible par exemple d'envoyer les casques bleus en 
Irak : les États-unis poseront leur veto. Aussi, il a toujours été considéré 
que dans une société démocratique un homme valait une voix. Le FMI s'accepte ce 
petit délice de répartir les droits de vote en fonction du montant de 
cotisation du pays. Plus tu payes, plus ta voix aura de l'influence sur les 
enjeux internationaux. Cens mondialisé ?  Voilà donc que les Fonds monétaires 
internationaux, cette institution crée pendant Bretton Woods qui a survécu à 
son démantèlement, se transforme en une abominable machine qui ne sert qu'à 
affermir la donne internationale, c'est à dire la progression des inégalités. 
La Banque mondiale, à ses côtés, impose une condition sine qua non pour 
l'obtention de prêts financiers : diriger la politique économique du pays vers 
le néolibéralisme, avec toutes les difficultés que cette doctrine implique 
(privatisation, délocalisation, augmentation de la flexibilité...). C'est avec 
audace qu'il faut savoir rappeler à nos dirigeants que ces institutions 
internationales n'ont étés ni réclamés ni mandatés par aucun peuple. En quoi 
peuvent-elles donc se revendiquer démocratiques ? Quelle différence entre le 
système monarchique de l'époque féodale, où le peuple n'avait aucun crédit face 
à la noblesse, et le trio FMI-OMC-BM, qui ne laisse pas plus de contre-pouvoir 
aux principaux concernés ? La surface du plateau de jeu s'est juste élargie à 
toute la surface du globe. Et ce n'est pas être un imposteur que d'affirmer que 
ces institutions, dès lors où elles imposent une direction à suivre en matière 
de politique économique, contribuent à l'impérialisme économique des pays 
riches.

A l'échelle internationale, les organisations privées regroupant la 
nomenklatura de la planète sont, certainement encore plus que les institutions 
décrites ci-dessus, antidémocratiques par essence. Une fois par an a lieu la " 
commission trilatérale "10, regroupant quelques centaines de personnalités 
influentes - des intellectuels, des politiciens, des entrepreneurs...- dont 
l'objectif officiel est d'orchestrer la mondialisation économique. Basée sur le 
système parlementariste, elle utilise le même modus operandi que le FMI : 
l'attribution de sièges en fonction de l'influence économique du pays. Ainsi, 
les États-Unis ont 85 sièges pendant que le Mexique n'en a que 7. S'ajoute le 
fait que seuls les pays un tant soit peu développés puissent y participer. Exit 
l'Afrique subsaharienne ! Le groupe de Bilderberg, dans le même ordre d'idées, 
regroupe les individus détenant du pouvoir, à ceci près qu'il a, lui, une 
orientation ouvertement plus libérale. La difficulté de pouvoir discuter de ces 
groupes est dû au fait qu'elles manquent indubitablement de transparence. 
Aucune information n'en sort. Ces réunions ont lieux une fois par an, alors 
même qu'aucun journaliste ne peut approcher le lieu de rencontre sans se faire 
renvoyer par les militaires. Les membres de ces organisations, lorsque qu'un 
téméraire journaliste ose gratter du bout de l'ongle la recherche de vérité, se 
camouflent derrière la dénonciation des partisans d'une théorie du complot 
international. Dans la mesure où les organisateurs des ces réunions choisissent 
librement d'opter pour l'opacité la plus complète au sujet de leurs 
agissements, ils serait effectivement absurde de prétendre qu'ils sont des 
marionnettistes qui tirent les ficelles de la donne mondiale. Mais puisqu'aucun 
renseignement n'en sort, il serait tout aussi absurde de prétendre (comme le 
fait Patrick Devedjan, Bilderberger, interviewé par Karl Zero11) que ce 
rassemblement se contente de " discuter " et "qu'  " aucune décision n'est 
prise ". Pour l'instant donc, la critique majeure à leur attribuer reste donc 
leur caractère antidémocratique. A quand bien même il n'auraient 
effectivement pas d'ascendant sur les décisions politiques qui suivent, le 
simple rassemblement de dirigeants, qu'ils soient politiques ou économiques, 
dans l'ombre la plus obscure constitue un déni de démocratie évident.

La Démocratie doit être réinventée dans son ensemble. Les intérêts privés étant 
un virus de l'homme dont, extraordinairement, ses propensions à se multiplier 
sont proportionnelles au pouvoir dudit homme, il est primordial d'imposer aux 
dirigeants un mandat impératif. L'ascension à un poste de pouvoir n'a jamais 
constitué un chèque en blanc social ! La Démocratie ne doit plus s'arrêter ni 
sous le porche des entreprises, ni dans les coins sombres des instances d'Etat. 
La presse libre doit être soutenue et promulguée, pendant que les liaisons 
entre les médias et les politiques doivent être, sinon interdites, au moins 
transparentes. L'Histoire nous apprend que l'être humain ne peut accepter une 
constante restriction des libertés. Il a toujours, lorsque celles-ci se 
voyaient glisser entre ses doigts, su les ressaisir avant qu'elles ne 
s'écrasent au sol. Une montée des inégalités ; une justice de plus en plus 
bicéphale ; un fossé sans cesse grandissants entre la classe dirigeante et la 
population ; un massacre environnemental irréversible ; un roulements des 
tendances politiques au sommet de l'Etat, sans même que la situation formelle 
ne soit altérée un chouia, sont autant de raison de tout changer. L'application 
du mot d'ordre de l'An 01, " on arrête tout et on réfléchit ", paraît aussi 
primordial qu'imminente, tant il est bigrement d'actualité. Lorsque la 
population prendra conscience de sa force et qu'elle assimilera qu'elle doit, 
d'elle même, aller chercher son bonheur, rien ne l'arrêtera. Lorsqu'elle 
décidera, seule, que ses chaînes sont si serrées qu'il faut les arracher, aucun 
homme ne pourra l'en empêcher. Lorsqu'elle jugera qu'il est juste de changer 
radicalement de direction, sur le plan social, politique et économique, 
personne ne pourra se mettre sur son chemin. Ce sera une révolution. 

Brousse



































Notes :

1- http://www.lejdd.fr/cmc/scanner/politique/20082/jet-de-bollore-sarkozy-s-
explique_84467.html

2- En fait, le groupe Lagardère détient 88 marques différentes, dont toutes les 
branches d'Hachette, mais aussi Paris Match, Choc, Dunod, Larousse, Elle, 
Europe 1, Europe 2, Fallard, Filles TV, France Dimanche, les editions Grasset, 
Ici Paris, La provence, le journal de mickey, le journal du dimanche, Maximal, 
MCM, Picsou Magazine, RFM, les kiosques Relay, Télé 7 jours, Première, Nice 
Matin, l'echo des savanes, les éditions Hatier, et une partie des magasins 
Virgin Megastore (principal actionnaire). Voir 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cartographie_des_marques_par_groupe#Groupe_Lagard.
C3.A8re

3 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Figaro#Ligne_.C3.A9ditoriale

4 - http://www.animafac.net/imprimersans.php3?id_article=1871

5 - http://www.ac-orleans-tours.fr/lettres/coin_eleve/etymon/phys/neutron.HTM

6 - http://www.re-so.net/spip.php?article1743

7 - Le réseau Échelon est un réseau d'immenses antennes semés sur la surface du 
globe, qui permettent d'intercepter absolument toutes formes de communications 
modernes : Gsm, téléphone satélitaire, mails, SMS, faxs. Il fut crée en pleine 
guerre froide et fut le résultat d'un projet entre les États-Unis, le Canada, 
la Nouvelle-zelande, l'Australie, et le Royaume Unis, nommé pacte UKUSA. 
Aujourd'hui toujours en vigueur et ayant une bien plus grande ampleur. il 
dispose d'énormes ordinateurs avec des puissances de calculs dépassant 
l'imaginable. Ils sont couplés à des dictionnaires de mots, et l'écoute est 
activée dès qu'un de ces mots est prononcé. A savoir que la France disposerait 
d'un système similaire mais à l'échelle nationale. Bien que non reconnu 
officiellement, des antennes similaires à celles d'Echelon sont agencées sur le 
territoire. 

8 - Ce système, mis en place à Londres, détecte les comportements suspects dans 
les lieux publics : personne qui " tourne en rond ", qui a oublié son sac 
(potentielle bombe)... En 2005, un jeune innocent dans le métro londonien a été 
tué de six balles par la police parce que, selon les caméras, il avait un de 
ces comportements suspects.

9 - http://www.monde-diplomatique.fr/2003/08/RAMONET/10252

10 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Trilat%C3%A9rale#Modus_operandi

11 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Trilat%C3%A9rale#Modus_operandi