Tant de choses à faire, et si peu de temps... Auteur: Anonyme Zine: Rafale #10 Qui ne s'est jamais demandé ce qu'il faisait assis sur sa chaise, au milieu d'un cours de maths, à rêver de la possibilité d'un autre monde, d'une autre voie ? C'est le genre de pensée qui vous tombe dessus d'un coup, sans prévenir: "Mais qu'est-ce que je fous là moi ?" suivit quelque fois d'une sorte d'éveil brutal et indésirable: "Il faut que je sorte d'ici, que je bouge, que je fasse quelque chose de mes dix doigts, que j'arrête de glander et que je trouve pourquoi je suis ici, sur terre !" Bien entendu, même si ce genre de réflexion vous accapare toute votre attention pour quelques minutes, cette sensation que quelque chose ne tourne pas rond, que le système éducatif est une monstrueuse connerie, et que tout ça n'a aucun sens, s'évanouit généralement assez vite, sur une injonction du professeur concernant votre comportement. Et pourtant... Une autre voie serait-elle possible ? Accrochez-vous. Constat numéro 1: La réalité n'est pas telle que vous la voyez, elle est beaucoup plus vaste. Tout est une question de choix du point de vue: Imaginez la réalité comme une montagne. Pour assurer son existence dans la vie de tous les jours, pour travailler, se nourrir, se loger, pas besoin de grimper tout en haut de la montagne, il suffit de rester dans le fond de la vallée, et on trouve tout ce dont on a besoin. Mais si on prend la peine de grimper tout en haut de la montagne, on peut s'apercevoir que la réalité est vaste, et qu'il existe d'autres montagnes et d'autres vallées... Beaucoup de gens ne gravissent jamais la montagne. Constat numéro 2: Je ne sais pas dans quel monde vous vivez, mais moi, on m'a toujours déconseillé voir interdit de grimper en haut de la montagne, c'est sois-disant dangereux, et marginalisant. Pour une raison ou pour une autre, probablement une question de fric: Si tout le monde sortait la tête de son trou et se rendait compte de l'arnaque monumentale que constitue la société de consommation, elle s'effondrerait, et ça, tant qu'il y aura des gens intéressés par le fric (les premiers à se faire arnaquer finalement), ça n'arrivera pas. Le mensonge originel: "L'argent peut tout acheter" est tellement bien implanté dans les esprits que plus personne ne se demande pourquoi ni comment le système fonctionne. Et la vérité, c'est qu'aujourd'hui, même pour pisser vous devez payer, que l'intégralité de la planète est fliquée par l'un ou l'autre parti, et qu'il n'existe pas une portion de terrain qui n'appartienne pas à quelqu'un. Et dites vous que si personne ne vérifie encore combien de poils vous avez au cul, c'est juste que personne n'a encore trouvé comment faire de l'argent avec. La liberté est morte, vive la liberté ! Constat numéro 3: Dans le courant des années 80, est apparu une lueur d'espoir qui continue de briller aujourd'hui: Internet. Inutile de faire l'apologie du réseau, tout le monde comprendra bien de quoi je parle, internet c'est le monde du presque-tout-libre-gratuit-accessible et de surcroît assez peu surveillé (Vous volez souvent dans les magasins ? Pourtant la sécurité n'y est pas très aboutie. Vous téléchargez souvent des divx et des jeux ? Bon, alors.). Sans pour autant garantir une impunité totale, internet permet à celui qui est assez malin pour ne pas se faire prendre d'accéder à ce qu'il veut. Bienvenue chez Hackers&co, des types biens. "Pourquoi les réseaux pirates existent-ils ? Parce que le réseau officiel est comme une piscine dans laquelle les publicitaires, les censeurs et les entreprise pissent et chient des milliers de fois par jour. Les réseaux pirates existent parce que ces démons corporatiste de merde qui se dressent entre les gens et leur liberté d'expression les ont forcés à émerger, ce sont des exutoires nécessaires.” Lee Turcotte The Space Between Dreams. Sans vouloir m'embourber dans la polémique plus que documentée de ce qu'est un hacker et ce que n'est pas un hacker au sens informatique du terme, je vais passer directement au fait que, le phénomène de rejet des lois et du système qui s'est produit sur le réseau a finit par envahir le monde réel avec le même état d'esprit. En fait, on peut même dire que tout ça existait depuis la nuit des temps, mais qu'il a fallut attendre l'apparition d'une centaine de sous- cultures, toutes liées par une notion de liberté intellectuelle, physique ou morale pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène. En vrac, le phreaking, le hacking, le parkour, l'escalade urbaine, le graff, l'infiltration, l'exploration urbaine, le skate-board, les arts-martiaux, les sports extrêmes, le yoga, le mouvement cyberpunk, sans oublier sex & drugs & rock & roll et toutes les sous-cultures liées. Dans toutes ces sous-cultures, certaines personnes ont gravi la montagne sans savoir sur quoi ils allaient tomber, et arrivé en haut ils se sont dit: "Cool..." Il existe un obscurantisme spirituel bien ancré dans notre civilisation, qui s'explique comme toute forme d'obscurantisme par la peur de l'inconnu. Mais au delà des ténèbres de l'esprit, existe un monde où tout est possible. Constat numéro 4: Bon, c'est cool, on est tout plein à savoir faire des tas de trucs, on est tous d'accord pour dire que la société actuelle est une épave qu'il faut mettre à la casse, repartir sur de nouvelles bases, faire de la planète un endroit où il ferait bon vivre en harmonie avec la nature tout ça tout ça. Mais concrètement, là maintenant tout de suite on fait quoi ? Il y a tant de choses à faire, et si peu de temps. Proposition: Et si la prochaine fois que vous rencontriez quelqu'un comme vous, avec les même idées et la même volonté de faire bouger les choses, vous preniez le temps de discuter sur ce qui ne vas pas, et ce qui peut-être fait pour changer. Faire bouger les choses à leurs racines. Comment est-il possible que des millions de personnes ne possèdent pas le minimum vital pour leur survie: de la nourriture, de l'eau, et un abris, alors que ces éléments se trouvaient à l'état naturel pour nos ancêtres ? Un exemple: Il y a des milliers de bâtiments abandonnés en France, dont beaucoup ne sont pas plus insalubres que la plupart des habitations utilisées. Il y a pourtant une crise du logement. Et si on organisait un squattage systématique de tous les bâtiments abandonnés encore utilisables pour décourager la spéculation immobilière, responsable de ce problème ? Si cette pratique se généralisait, et les revendications indiquées explicitement, la tolérance envers les squats augmenterait grandement. Je crois fermement que n'importe quel humain peut prendre conscience et sortir de sa merde si il le veut et si la société ne lui met pas de bâtons dans les roues, et c'est bien là qu'est le problème. La peur de la répression maintient la suprématie du capitalisme. Et c'est ça qui est fondamentalement mauvais pour l'être humain, non pas le capitalisme en lui même, mais plutôt le fait que les mecs en uniforme avec les armes sont capitalistes, et qu'ils n'admettent pas d'autres référence de pensée monolithique et unidirectionnelle que la leur. La légitimité du pouvoir en place se justifie toujours par deux choses: la force brute de répression (les types en uniformes), et la sécurité apportée par la civilisation contre les hordes de barbares assoiffées de sang (les types en uniformes). Le problème de notre génération, c'est que le système qui essai de nous persuader qu'il nous protège et empêche les psychopathes en puissance de tuer tout le monde est le même système qui cautionne la dévastation des océans et des forêts, c'est le même qui engendre la peur de tout et n'importe quoi, c'est le même qui vous interdit tout ce qui n'est pas explicitement autorisé pour votre propre protection, et enfin, c'est le même qui décide d'aller tuer des milliers d'innocents à l'autre bout du monde pour mieux piller leurs ressources, ou parce que la base de leur civilisation n'est pas le coca-cola et le fric. Je ne peux pas profiter des avantages purement matériels que nous apporte notre civilisation sans me dire à un moment ou à un autre que ce qui m'est apporté aujourd'hui est le fruit de l'exploitation, de la domination et du massacres de peuples qui avaient pour seul faute de ne pas penser comme nous, de ne pas avoir la même religion, les mêmes valeurs. Les exemples ne manquent pas: Les civilisations sud-américaines, et les indiens d'Amérique sont les exemples les plus récents. Mais l'élément le plus essentiel, et le noyau dur de ma pensée est que, ces bénéfices matériels sont totalement insignifiants en comparaison de ce qu'est la vue du haut de la montagne. J'ai honte de la civilisation, j'en ai assez de cautionner la destruction méthodique et massivement organisée de notre planète pour le bénéfice d'un sois-disant élite insouciante. J'en ai assez de ne pas pouvoir regarder un paysage sans que mon bonheur ne soit gâché par un pylône électrique, un déchet ou tout autre trace de la civilisation. Et enfin, je ne peux plus supporter les mentalités des personnes qui m'entourent. A quoi bon passer son enfance et son adolescence le cul sur une chaise à étudier si c'est pour ne même pas prendre conscience de ses propres problèmes. Nos parents ont laissée notre éducation intellectuelle au système éducatif sans jamais prendre le temps de nous expliquer qu'il existait un monde au delà de ce qu'on nous apprend en classe. Je refuse de passer ma vie 9h par jour à travailler pour avoir le privilège d'avoir un logement, de la nourriture et de l'eau. Et je refuse de recréer le même schéma que mes ancêtres, et non seulement je sais pertinemment qu'une autre vie est possible, mais de plus je sais que certaines personnes la vive déjà, et je sais aussi que je croiserais beaucoup de personnes comme moi sur mon chemin, et qu'à nous tous, nous pourrons faire quelque chose. Quelque chose de nos vies. Pas seulement pour nous-même, mais aussi pour les autres. Tout le monde le sens, il va se passer quelque chose pendant les prochaines décennies, la question est de savoir si vous avez envie d'y participer, ou d'y assister. "Puisses-tu vivre des moments intéressants" est une malédiction pour certains, une bénédiction pour moi. Chacun pense ce qu'il veut. Pour ma part, j'ai choisi ma voie, et c'est celle du changement. Je veux vivre et mourir en pensant: "J'ai fait quelque chose de ma vie..."