1, 2, 3 street art.
Auteur : Anonyme
Zine : Rafale #15
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Vaste sujet que voila, tant de techniques différentes,
du pochoir à la sculpture en passant par le détournement
publicitaire. Il n'en reste pas moins que une idée pré-domine
cette activité, celle de partager par le biais de l'espace
publique. La réflexion sur cet art souvent éphémère pourrait
s’arrêter sur celle du média choisi, sur le message passé mais
elle peut aussi être poussée plus loin, sur la voie de la
ré-appropriation de l'espace publique.
Metro-Boulot-Dodo reste encore aujourd’hui (et probablement
encore pour longtemps) la norme en matière de modèle structural social.
Comment alors communiquer au grand public, comment sortir les
gens de leurs routines et les amener vers autre chose. La seule
solution restant le 'métro'. Le chemin vers le travail, l'espace
publique.
Ainsi un collage dans la rue représente bien plus que le message
qu'il passe, sa présence en elle même change le modèle de pensée
général. Il perturbe le quotidien, confronte le passant à une
situation inconnue.
C'est dans ce cadre là que je pratique le street art, je ne
peux que parler au nom de ma personne mais je croit pouvoir
dire avec certitude que toutes les personnes pratiquant cette
'discipline' ont cette envie lorsque dans le froid de la nuit
ils prennent le risque de s'exposer pour coller, accrocher,
peindre, détourner.
Loin d'être un 'how to' du street art, j’espère par ce texte
pouvoir communiquer un peu de cette passion addictive et vous
donner les rudiments de base pour qu'à votre tour vous
agissiez dans la rue. Et pour ceux qui sont déjà dans le
milieu, et bien, peut être je vais exposer des techniques que
vous ne connaissez pas encore.
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Différencier la partie applicative de la partie créative n'est pas
possible dans cette discipline comme cela pourrait l'être dans le
graffiti 'traditionnel'. L"œuvre est souvent pensée dans un
environnement spécifique, les matériaux utilisés également, bref
on ne peut dissocier ces deux phases. Chacun à ses domaines, pour
certains tel space invader se sera les carreaux de céramique, pour
moi c'est le pochoir et l'affiche. Donc, au menu de ce 2 :
*Création d'un patron de pochoir par ordinateur
**Agrandissement sur carton/films plastiques rigides et découpe
***Affiche
*
Place à la création du patron. Deux écoles s'affrontent, celle
du dessin manuel, et celle du numérique. Nous allons ici partir
pour le numérique. Plus simplement dit, comment transformer une
photo en pochoir.
Premier pas, la photo, l'idéal si vous faites une photo vous
même est d'avoir un fond uni pour plus facilement extraire la
partie à exploiter. Votre photo en place, vous allez avoir besoin
d'un logiciel d'édition d'images. the GIMP est parfait pour
cela, inutile de s'encombrer avec des illustrators et
photoshops. Ouvrir la photo sous GIMP. Puis Couleurs, seuil et
vous n'avez plus qu'a jouer avec les réglages pour obtenir le
pochoir de vos rêves.
Maintenant si vous voulez réaliser un pochoir multilayer afin
de donner plus de dimension et de réalisme il vous suffit de
créer des pochoirs avec des niveaux de seuils différents.
Voila, votre patron est créé, vous pouvez soit prévoir les
vides de coupe (partie empêchant que des pièces pleines
reliés à rien de se détachent) maintenant et faire des
retouches au pinceau blanc soit croire en votre sens de la
découpe et les ajuster lors de la découpe.
**
Il reste maintenant à porter ce patron sur votre carton
(papier bristol, films plastiques rigides ...). Pour cela
plusieurs techniques. Soit vous voulez faire un petit format
et vous l'imprimer directement chez vous, soit vous voyez
les choses en plus grand et là différentes solutions rentrent
en jeu.
L'impression sur son imprimante en multi-feuilles : Vous
imprimez votre pochoirs sur plusieurs feuilles que vous fixez
ensuite ensemble. C'est long et fastidieux et le résultat final
souvent assez bancal. Pas très costaud sur le temps, bref, à
oublier.
L'imprimeur. Solution simple, mais il faut vous déplacer,
ça perd un peu en anonymat et faut payer. La solution reste
tout de même bien pratique.
Depuis son écran. Aprés un zoom sur une zone de votre image vous
coller votre support sur votre écran et par transparence vous
dupliquez dessus, puis vous décalez votre zoom sur la partie
suivante et ainsi de suite.
Le rétro-projecteur. Il vous faut alors imprimer votre image
sur un film transparent et projeter l'image sur un mur. Poser
votre support sur le mur et reproduisez.
Le vidéo-projecteur. Pour moi cela reste la solution la plus
idéale, hélas pas à la portée de toutes les bourses. Le principe
est le même que pour le rétro-projecteur. Le gros avantage est
de pouvoir pré-visualiser le rendu avant de passer au traçage.
Bien, maintenant que votre patron est tracé il ne vous reste
plus qu'a découper, un cutter de précision ou un scalpel font
parfaitement l'affaire.
***
Pour la réalisation d'une affiche là aussi plusieurs solutions
s'offrent à vous :
L'imprimeur ou bien par vous même.
Inutile de parler de l'imprimeur.
Pour faire une affiche le premier matériel nécessaire sera le
papier, votre support.
L'idéal à mon gout est la nappe de table en papier, fine, donc
légère, enroulable facilement et faible coût ..
Sprayez, dessinez ... votre affiche est prête.
Il ne vous reste plus qu'à la coller, et pour ça il vous
faudra de la colle, et à nouveau plusieurs solutions.
Colle du commerce (pour papier peint) ou bien colle faite
maison.
La recette de la colle est très simple, et très efficace.
Dans un grand volume d'eau sur le feu, ajoutez petit à petit
de la farine tout en remuant jusqu'à obtenir un résultat
'gluant Crémeux'. Sortez du feu, versez dans votre seau pour
le transport. C'est prêt.
Pour coller l'affiche il vous faudra également un 'pinceau'.
Je vous conseille les pinceaux pour papier peint bien que
certains se contentent d'un balais :/.
Appliquer votre colle sur le mur au pinceau en l'étalant bien,
apposez votre affiche dessus, et tapissez la à l'aide du pinceau
en prenant bien soin que les bords soient bien collés.
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Nous voici maintenant dans la rue, patron de pochoir, affiche
ou marqueur en main. Ce que vous allez faire étant le plus souvent
pas vraiment légal il convient de se fixer des règles simples pour
limiter le risque de se faire attraper.
Chacun à ses méthodes, et une fois encore je ne peux que vous
proposer la mienne.
Tout d'abord, le repérage.
Il convient de savoir ou vous allez vous exprimer, quelle rue
quel mur. Un rapide repérage des lieux se doit d'être
fait. Repérer les potentielles caméras de surveillances, l'éclairage
et les zones d'ombres, le passage dans la rue, les différents
chemins d’accès, et pourquoi pas prévoir une 'issue de secours'.
Deuxième étape, l'heure du crime.
Agir de nuit reste encore le plus aisé. J'agis personnellement
à partir de minuit, plus grand monde dans les rues si ce n'est des
fétards, mais encore assez pour ne pas être trop vus comme potentiel
criminel par les schtroumphs à képis.
Habillé le plus classe possible, sacoche en tissu pour ranger la
colle, les bombes et les affiches. Ainsi on a moins de chance d'être
victime d'un contrôle inopiné.
Il reste toujours le risque du flagrant délit, et pour ça il reste
les jambes. Si vous avez bien fait votre repérage vous devriez
avoir une issue de secours. Si possible faites en sorte qu'elle
soit inaccessible aux véhicules, manière d'être à égalité avec
grand schtroumph. L'idéal ensuite est d'avoir de quoi se changer
sur soi pour continuer à marcher off-the-radar.
Reste néanmoins un problème au niveau du transport lorsque l'on
veut faire un stencil de grande taille. Une fois le patron imbibé
de peinture il n'est pas très judicieux de le replier de suite sur
lui même. On peut le faire en plusieurs parties et les intercaler
entre des feuilles plastiques, mais cela reste encore fastidieux.
Donc, il vous faudra soit l'abandonner soit le porter à l'air
libre. Ou bien vous êtes en voiture et là le problème se résout.
Ce texte touche à sa fin, il reste bien sur énormément de choses
à dires donc n'hésitez pas à rapporter à votre tour votre vision
et votre expérience.
Et, longue vie à Rafale !